Publié le vendredi 7 janvier 2022
[EGAlim2] Arrêtez de nous « emmerder » ! Billet d'humeur d'Alexis Vaillant.
“La bassesse du débat politique actuel nous montre une fois de plus à quel point les partis de tout bord se soucient peu des problématiques des Français.
A l’approche des élections présidentielles, le débat est essentiellement centré sur comment « emmerder » au mieux les autres partis pour prendre le pouvoir ou pour le conserver.
Au rayon des lois de l’emmerdement maximal : EGALIM 2 !
La loi EGALIM 2 a pour but d’encadrer les relations commerciales entre les enseignes de la grande distribution et les producteurs en rendant non négociable la part agricole des produits alimentaires.
Cette loi politicarde pétrie de bonnes intentions entraine de nombreux effets pervers.
Au-delà de la complexité et de la masse de travail supplémentaire difficile à absorber pour des organisations de petite taille, cette nouvelle loi rend de facto négociables tous les éléments hors matières premières.
Les enseignes pensent donc pouvoir négocier les emballages, les coûts de productions, la logistique sur lesquels nous n’avons aucune marge de manœuvre.
Pire encore, le savoir faire des PME, nos recettes, notre créativité, les salaires de nos collaborateurs deviennent également négociables.
La non négociabilité des matières premières rend donc négociable toute la valeur ajoutée d’une PME.
La théorie de l’étau mise en par la FEEF (Fédération des Entreprises et Entrepreneurs de France) au moment du vote de la loi se révèle de plus en plus réelle.
Notre taille limite notre champ de négociation à l’achat comme à la vente.
C’est un cauchemar sans fin avec chaque année le même cirque accentué par la transparence pernicieuse d’EGALIM 2.
Ce système est d’autant plus complexe en période d’inflation galopante où toute la partie négociable (énergie, transport, salaires, emballages) est la partie la plus affectée par la hausse des coûts.
Encore une fois, il avantage les grands groupes agroalimentaires dont le poids engendre une meilleure capacité de négociation.
Les PME n’ont rien contre la négociation commerciale. Elle fait partie intégrante de notre quotidien d’entreprise au service de la grande distribution et des Français.
Mais une loi qui fait la moitié du travail et qui « emmerde » aussi bien nos partenaires distributeurs que nos PME n’est pas acceptable.
Nous sommes pour la liberté des prix des agriculteurs.
Nous ne pouvons rien contre la liberté des prix de nos fournisseurs.
Encore moins pour la liberté des prix de nos clients.
Mais pourquoi ne sommes nous pas libres de fixer nos prix ?”
Alexis Vaillant. Fondateur d'Alterfood et Administrateur de la FEEF.